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GOW 2/2001 01.06.2001
Le G-2000 : un CZ sorti de l'ombre
Mystérieuse, cette nouvelle arme qui n'apparaît nulle part sur les catalogues de
la Ceska Zbrojovka de brno nous a enfin livré ses secrets ! Découvert par hasard au
salon Milipol 99, le CZ G-2000 nous avait été présenté comme une nouvelle arme conçue
spécialement pour forces de l'ordre. Mais depuis, plus aucune nouvelle... Ce n'est qu'au
salon Eurosatory 2000 qu'il nous est réapparu, sur le stand de Arms Moravia, une
société tchèque spécialisée dans l'import-export d'armes militaires.
La sortie de cette arme a été plutôt discrète. Et bien que le lancement de sa
production remonte aux alentours de mars 1999 (!), seules d'infimes quantités de G-2000
ont été livrées au marché civil. Destiné principalement aux forces de l'ordre, ce
nouveau pistolet a fait l'objet de nombreux tests. Et c'est la soumission à ces essais,
les démonstrations dynamiques et la participation à des expositions, qui aurait imposé
au fabricant tchèque de conserver une grande partie des armes fabriquées... c'est du
moins l'explication qui nous a été fournie pour justifier leur faible diffusion à ce
jour. En fait, c'est beaucoup plus compliqué que cela, comme nous le verrons plus loin.
Premier contact
Lorsque nous découvrons le CZ G-2000, son esthétique et le choix de ses matériaux en
font une arme attrayante. Il se situe entre le CZ 75 et le CZ 100, dans la mesure où il
cumule l'excellente prise en main de l'un et la technologie polymère de l'autre.
Bien que l'ensemble paraisse très homogène et que l'association de différents
matériaux soit parfaitement équilibrée, nous ne pouvons nous empêcher de rechercher
des analogies avec des modèles concurrents. Nous essayons en fait de retrouver dans ses
caractéristiques, les détails qui ont fait le succès d'autres armes. Il nous fait alors
immédiatement penser à un hybride, un croisement entre un Mle 75 tout acier et un
Walther P99, duquel il aurait notamment hérité son polymère, sa culasse à larges pans
inclinés et son rail standard pour montage de lampe en avant du pontet. Il cumule
également quelques détails issus des H.&K., Sig, Glock, etc.
Mais que les concepteurs se soient ou non inspirés
de ces best sellers, la nouvelle arme tchèque est bien achevée et offre une silhouette
qui lui est véritablement propre. Disponible dans les calibres 9 mm parabellum et
.40" S.&W., ce P.A. est proposé en plusieurs versions, la culasse pouvant être
livrée en finition bronzée ou inox, et avec quelques options.
Une gamme d'accessoires spécifiques a également été développée pour répondre aux
besoins des armées ou des polices. C'est ainsi que l'on peut se procurer la lampe ou le
laser à monter directement sur la carcasse, ainsi que des chargeurs Mec Gar de
différentes capacités (10, 11, 15 et 19 coups), avec ou sans talon caoutchouc, mais non
compatibles avec le CZ 75 semblerait-il. Il est même proposé un canon long qu'il ne
reste plus qu'à fileter au pas désiré pour installer le compensateur... ou le silencieux.
La mécanique
Comme sur le CZ 75, la mécanique est saine. Elle est également "tout acier"
car le polymère ne sert que d'habillage. Le système de court recul du canon est fiable
et la cinématique générale est assez classique. En effet, l'arme fonctionne à culasse
calée selon un système qui a fait ses preuves depuis déjà bien longtemps. Comme sur la
série des Sig P220/225/226, Glock, et autres, c'est la chambre qui par ses dimensions
extérieures constitue l'unique tenon de verrouillage. Contrairement au Colt 1911, le tube
est ici solidarisé à l'ensemble mobile par la large ouverture que constitue la fenêtre
d'éjection. De suite après la percussion, le court recul de l'ensemble canon-culasse
s'opère par réaction au départ du coup. Après une petite course, la chambre descend en
suivant la trajectoire définie par la came qui prend appui sur la goupille de démontage.
Une fois désengagé de la fenêtre d'éjection, le tonnerre ne retient plus la culasse
qui continue son mouvement jusqu'en butée et assure le fonctionnement semi-automatique
grâce au ressort de rappel... Bref, de la très belle mécanique signée John Moses
Browning !
Alors que sur le CZ 100 les rails de glissière étaient en composite, on est revenu ici
à plus traditionnel : la liaison entre la culasse et la carcasse est assurée par deux
glissières en acier. L'une, de 30 mm de long, est située au niveau de la chambre tandis
que l'autre, de 15 mm, est placée au-dessus de l'axe du chien. Aucune pièce
véritablement sollicitée n'est donc en composite, bien que ces matériaux nouvelle
génération soient tout à fait capables de rivaliser avec les meilleurs aciers.
Par rapport au CZ 100, le G-2000 a aussi perdu la butée d'acier fixée à la culasse, en
arrière de la chambre, qui pouvait servir à chambrer une cartouche en prenant appui sur
la ceinture...
Mais la particularité de ce modèle réside dans l'absence de levier de sûreté, ce qui
n'est pas vraiment banal sur une arme de service, vous en conviendrez, à l'exception du
Glock et de quelques autres P.A. d'une nouvelle génération... les " load and forget
" (chargez et oubliez).
En effet, fixé en arrière de la culasse, le seul levier qui soit présent sert à
désarmer le chien sans percuter. Le choix de cette simplification a été guidé par la
logique, du fait de la présence d'autres systèmes :
- une sécurité de percuteur, qui agit donc automatiquement ;
- et un indicateur de chargement (lorsqu'une cartouche est engagée
dans la chambre, l'extracteur en saillie fait apparaître un liseré rouge).
Ce levier de désarmement, comme sur le Walther, suit le prolongement de la culasse sans
en casser les lignes, et s'intègre donc parfaitement à l'esthétique générale de
l'arme. Visiblement, la volonté d'offrir des lignes épurées était bien présente du
début à la fin de la conception du CZ G-2000. Même le levier de démontage s'est refait
une beauté puisqu'il a pratiquement disparu au profit d'une goupille qui ne dépasse pas
de la carcasse.
Le maniement de l'arme en est ainsi simplifié puisque le nombre de boutons et de leviers
a été réduit. Aussi, cette diminution d'encombrement qui en résulte a permis de faire
chuter la largeur de l'arme à 28 mm pour sa culasse, et à 33 mm pour sa carcasse. De
plus, les deux larges pans obliques de la culasse sont là pour favoriser la fluidité du
dégainer.
Au niveau de la platine, les départs en simple et double action paraissent nets.
Cependant, il doit être possible de les améliorer encore quelque peu pour une
utilisation de tir à la cible, le fabricant revendiquant une bonne précision à 50
mètres sans avoir à troquer son canon d'origine (102 mm) contre un plus long.
Bien en main
Lorsque l'on saisit le G-2000, même si la poignée semble légèrement plus volumineuse
que sur un CZ 75, l'arme se place sans difficulté et la prise en main nous est agréable.
Ses 755 g, chargeur vide, sont bien répartis et l'arme pointe naturellement dans la bonne
direction. Ses dimensions ne le placent pas encore parmi les compacts (188 mm de long pour
135 mm de haut), mais son encombrement autorise un port relativement confortable. Mais là
encore, tout dépend du holster que vous employez : la taille d'une arme a généralement
moins d'incidence sur un étui tactique de cuisse que sur un autre modèle prévu pour la
ceinture...
Le G-2000 bénéficie d'une allure assez agressive que lui confère son pontet. A ce
titre, le large méplat à l'avant en choquera plus d'un. A notre goût, ce n'est pas le
détail esthétique le plus réussi. Cependant, il s'oublie rapidement pendant le tir, que
l'arme soit tenue à une ou à deux mains. Sa forme est telle que l'usage de gants demeure
parfaitement envisageable, et même la manipulation des rares leviers, ce qui n'est pas
négligeable. Également, la distance entre la détente et l'arrière de la poignée est
telle que toutes les morphologies semblent pouvoir s'y adapter.
Si la prise en main ne souffre donc d'aucune critique, quelques détails de latéralité
viennent toutefois entacher l'ergonomie générale : les gauchers sont comme toujours
laissés pour compte et les modèles avec lesquels nous avons pu nous familiariser les
auraient légèrement handicapé par rapport aux droitiers : le verrou de chargeur ainsi
que les leviers de désarmement et de maintien en arrière de la culasse ne sont présents
que sur le côté gauche de l'arme... et se livrer à une customisation avec des leviers
ambidextres ou seulement pour gauchers nécessiterait un nouvel usinage de la culasse et
une modification du moule de la carcasse !
Les organes de visée sont adaptés à des tirs de défense : ils sont fixes et bas, et le
guidon penté de manière adéquate pour la sortie de l'étui. Toutefois, l'efficacité
des 3 petits points de peinture au tritium reste à démontrer. Aussi, la faible taille de
la hausse et du guidon les rendent inconfortables pour du tir de précision. Heureusement,
le fabricant s'en est rendu compte et propose donc aux tireurs sportifs une hausse target
en option, accompagnée d'un guidon surélevé approprié. À vous de choisir la visée
correspondant le mieux à votre type de tir. Ainsi, bien que ce le CZ soit avant tout une
arme de service, le G-2000 target offre tout de même un compromis intéressant pour le
tireur qui se soucie de la précision et souhaite pouvoir faire de la cible au 9 mm.
Précédemment, nous faisions allusion au montage de silencieux sur des canons longs. Dans
pareils cas, hausse et guidon sont cachés par le modérateur de son. Celui qui désire
malgré tout disposer d'une aide à la visée peut alors monter un laser en avant du
pontet sans que son faisceau, placé suffisamment bas, soit arrêté.
Dernier détail concernant les organes de visée, et toujours dans un contexte spécifique
: la taille et la pente de la hausse combat rendent difficile l'armement rapide de la
culasse avec l'index gauche tandis que la main droite présente l'arme dans le plan
horizontal, selon la méthode israélienne (Mossad). Les stries usinées sur chaque côté
de la culasse constituent donc les prises qui offrent la meilleure préhension, et sont
donc à ce titre les plus fonctionnelles.
Le démontage
Une fois la goupille retirée de la manière la plus classique, après recul de la culasse
sur quelques millimètres, l'ensemble mobile coulisse de manière fluide et se retire de
la glissière le plus simplement du monde. La dépose du ressort récupérateur et de sa
tige guide en polymère, suivie de celle du canon, est aussi aisée.
Pour nous qui avons découvert l'arme à une
exposition, la couleur bleue du ressort nous a immédiatement laissé penser qu'il
s'agissait d'une simple spirale en plastique destinée aux démonstrations de
démontage
surtout que le ressort était extrêmement léger et qu'il n'était pas
nécessaire de le comprimer fortement lors du remontage, évitant ainsi toute projection
à la moindre inattention. C'était en fait le vrai : un ressort hélicoïdal à spires
plates comme on en retrouve sur les Glock
ou sur les P99 : quelle heureuse
coïncidence !
Une fois la culasse de type enveloppant déposée, la carcasse dévoile ses secrets : les
glissières en acier sont bien visibles, de même que l'éjecteur ou encore l'ergot du
levier de maintien en arrière de la culasse. Ce dernier prend classiquement appui sur la
planchette élévatrice du chargeur, lorsque celui-ci est vide, pour s'ériger en
arrêtoir de culasse. On distingue ainsi la plupart des composants, jusqu'au ressort
hélicoïdal de la détente.
Sur notre cliché, le lecteur appréciera la faible épaisseur du montage du laser, dont
on aperçoit la bague moletée qui ne dépasse au-devant de l'arme que lorsque la culasse
est retirée.
Si le remontage du pistolet s'effectue dans le sens inverse du démontage, l'utilisateur
doit néanmoins acquérir un coup de main pour réinsérer la goupille (dernière phase).
Il faut en effet s'assurer que la came fixée au canon soit parfaitement alignée avec le
logement de la goupille que l'on retrouve de part et d'autre de la carcasse. A ce sujet,
le logement est réalisé dans un solide bloc d'acier qui est chargé d'encaisser le recul
lorsque le canon arrive en butée. C'est aussi sur ce bloc qu'a été usinée la
glissière avant.
Pour parvenir à faire coïncider came et logement de goupille, le moyen le plus sûr,
réalisable les yeux fermés (ou dans la nuit), consiste à retourner l'arme dans le plan
vertical : par gravité, le canon se cale dans la culasse et le tonnerre épouse
exactement la fenêtre d'éjection. La came est alors dans sa position idéale de
remontage. La suite est un jeu d'enfant.
Un CZ
qui n'en est pas un !
Au salon Eurosatory, l'arme nous plaisait beaucoup. Nous avons donc proposé à M.
Bernatik, de la société Arms Moravia, d'aller plus loin dans la découverte de cette
arme, et de réaliser un banc d'essai complet. Il nous invita alors à prendre contact
avec un importateur français pour nous faire livrer le modèle d'essai. Malheureusement,
le G-2000 n'était pas importé
et pour cause : ce n'est pas un CZ ! Nous comprenons
maintenant pourquoi ce modèle n'apparaissait pas au catalogue de la Ceska Zbrojovka de
brno.
En fait, s'il s'agit bien d'une arme tchèque, elle n'est pas pour autant la descendante
des CZ 75 et CZ 100 que nous connaissons bien. Ce serait plutôt du cousinage. Aussi, à
notre avis, il semble plus raisonnable de voir dans cette explication la vraie raison de
la faible diffusion du G-2000. Le voile est donc levé sur cette mystérieuse arme.
Comme nous l'avons appris par la suite, outre le fait de signifier CZech republic, CZ peut
également vouloir dire " fabrication d'armes ". Ces deux lettres qui ont fait
la renommée de la Ceska Zbrojovka ne peuvent donc être déposées et c'est précisément
ce qui permet à Arms Moravia de marquer légalement ses culasses avec ces initiales
mondialement connus.
Mais nous n'étions pas au bout de nos surprises : en approfondissant nos recherches, nous
avons même trouvé un CZ 999 aux allures de Sig ! Ce dernier a été lancé sur le
marché en Avril 99, sous la marque "Zastava Europe". Mais, cette fois-ci, le
fabricant est grec (!) : il s'agit de la firme Advanced Weapon Technology, implantée à
Athènes.
À signaler que si ces méthodes peuvent choquer, la pratique est courante, même en
Europe occidentale : nous citerons ainsi l'exemple de Kettner qui exploite le prestige du
P.08 en commercialisant des fusils de chasse et des pistolets sous la marque Luger
Bien qu'un peu déçu par cette subtilité commerciale, nous devons reconnaître que
l'arme que nous avions eue entre les mains au salon semblait de si bonne qualité, que
nous l'avions réellement prise pour le dernier né de la grande famille CZ.
Conclusion
La nouvelle mouture tchèque se place à la fois sur le marché de l'arme de service et
sur celui de l'arme de sport, avec notamment des organes de visée adaptés et un canon
long que l'on peut fileter au besoin.
La technologie du polymère semble bien maîtrisée mais le fabricant conserve toujours
une grande part d'acier, ce qui n'est pas une critique, seulement une constatation. Comme
nous l'annoncions en début d'article, il rassemble presque tous les avantages des CZ 75
et 100, mais aussi ceux des Walther P99, Sig, Glock, etc. parvenant même à apporter une
touche d'esthétique et un grand coup de jeune à l'image de l'armurerie tchèque !
Il est toutefois dommage que les commandes ne soient pas ambidextres, détail qui peut
revêtir une grande importance aux yeux des gauchers ou tout simplement pour les tirs de
la main faible, on ne sait jamais...
De même, si les organes de visée (combat ou target) ne sont pas appropriés au tir
pratiqué, ces derniers décevront l'utilisateur
d'où l'intérêt de faire le bon
choix dès le début si l'on veut mettre de son côté tous les atouts.
Nous terminerons en soulignant l'étendue des accessoires déjà disponibles pour cette
arme, bien qu'elle n'ait pas encore connu de grande diffusion
pour les raisons que
l'on connaît maintenant.
A notre avis, le CZ G-2000 pourrait donc se révéler une excellente arme de service,
douée de surcroît d'une bonne précision. Il est vrai qu'il n'offre rien de très
innovant à part son esthétique, mais ce nouveau pistolet intègre des mécanismes
robustes qui ont fait leur preuve. En reprenant tous les avantages de ses concurrents les
plus sérieux, le fabricant tchèque était certain de contenter tous les utilisateurs. Ce
choix stratégique devrait donc assurer au CZ G-2000 un excellent accueil sur les marchés
civils tant que militaires.
Texte de Gaston DEPELCHIN,
e-mail gaston.depelchin@free.fr , auteur
pour Cibles & Excalibur (Ed. Crépin-Leblond).
Arme CZ G-2000
Fabricant Arms Moravia
Type Pistolet semi-automatique simple et double action
Calibre(s) 9 x 19 mm ; .40" S.&W.
Capacité 10, 15 et 19 coups
Masse à vide 755 g
Longueur 188 mm
Hauteur 135 mm
Largeur 33 mm
Finition Bronzée ou inox
http://arms.eiite.cz
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